Le secteur de la piscine, comme beaucoup d’autres secteurs, s’est développé et s’est construit à partir d’habitudes prises. L’expertise, les méthodes et le jargon sont systématiquement transmis d’employeur à employé et de génération en génération. Au fond, il n’y a rien de mal à ça.
Certaines pratiques et habitudes s’avèrent utiles. Si nous examinons de plus près l’aspect chimique de la piscine, nous constatons qu’il y a encore des améliorations à apporter. Notre savoir actuel en matière de décontamination de l’eau diffère beaucoup de l’état de nos connaissances il y a 15 ou 20 ans. En tant que constructeur de piscines il vous incombe de suivre les progressions du secteur.
La plus grande précision s’impose dans le dosage des produits chimiques mais de nombreux malentendus subsistent quant à la mise en oeuvre. Si ces malentendus ne constituent pas forcément un danger pour la baignade, la recherche de solutions pour les problèmes liés à l’eau de baignade n’en demeure pas moins frustrante. De plus, un dosage incorrect cause gaspillages et inefficacité. Évoluer avec le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui commence par une bonne communication. Vous ne progresserez que lorsque tous les acteurs (au sein de votre entreprise) seront sur la même longueur d’onde. Cela commence tout simplement par la terminologie relative à la décontamination, à la désinfection et à l’oxydation.
Dans la pratique, ces termes sont souvent utilisés de façon interchangeable alors qu’il est très important pour les professionnels de connaître leurs différences lors du dosage des produits chimiques.
DÉCONTAMINATION, DÉSINFECTION ET OXYDATION
La décontamination résulte de la suppression de germes (bactériens) et de micro-organismes dans l’eau permettant aux humains de s’y baigner sans danger. Mathématiquement, il y a decontamination lorsqu’au moins 99,9 % des micro-organismes sont supprimés en 30 secondes. Ce pourcentage est également appelé reduction de 3 logs. La désinfection va un peu plus loin que la décontamination. Elle implique, par définition, que tous les agents pathogènes nuisibles sont détruits dans les 10 minutes. Mathématiquement, cela signifie qu’au moins 99,999 % des micro-organismes sont supprimés. Ce pourcentage est également appelé réduction de 5 logs. Dans les piscines privées, l’eau de baignade nécessite rarement une réduction de 5 logs. Dans les piscines publiques, en revanche, la désinfection est très importante pour éviter l’apparition de parasites tels que ceux menant à la giardiase ou à la cryptosporidiose.
L’oxydation permet de décomposer et d’éliminer les contaminants non vivants présents dans la piscine après la decontamination ou la désinfection. L’oxydation est un processus complexe comportant de multiples réactions chimiques. Le chlore est un agent souvent utilisé pour l’oxydation chimique. Dans l’eau de baignade, il enlève les électrons des atomes et des molecules des contaminants. Ces charges négatives réduisent la présence du chlore (l’oxydant). Par conséquent, le chlore ajouté est ‹ épuisé › après un certain temps.
L’oxydation peut donc contribuer de manière significative à la perte de chlore. On entend parfois dire que le chlore s’épuise plus rapidement lorsque le soleil brille trop fort sur l’eau. En effet, le chlore est ‹ brûlé › par le soleil, par photolyse pour ainsi dire. La photolyse est une réaction de decomposition chimique qui provoque la désintégration du chlore par l’absorption d’un photon (particule de lumière). Pour stopper cette réaction, il faut un stabilisateur comme l’acide cyanurique. 30 ppm d’acide cyanurique est plus que suffisant.
Même avec l’ajout de ce stabilisateur, il reste suffisamment de chlore pour oxyder le contaminant. L’ammoniac et l’urée, dérivés de l’urine ou de la sueur, sont éliminés de l’eau en plusieurs réactions successives. À chaque réaction, la consommation de chlore augmente. Ainsi, l’élimination de seulement 1 ppm d’ammoniac demande jusqu’à 15 ppm de HOCl (acide hypochloreux). En conclusion, si le chlore est un désinfectant puissant et efficace, il n’est qu’un faible agent oxydant.
CHLORATION AU POINT DE RUPTURE
Le terme ‹ chloration au point de rupture › est régulièrement confondu avec la surchloration (choc chloré). Ces mots ne sont toutefois plus de synonymes. La chloration au point de rupture consiste à ajouter du chlore à l’eau en une quantité suffisante pour obtenir une désinfection. Il s’agit d’un processus continu indispensable pour maintenir un résidu de chlore libre. Ce résidu se forme quand le chlore s’est combiné à des composés azotés tels que l’urée pour former des chloramines et d’autres sous-produits de désinfection. Le résidu détruit ensuite ces mêmes composés jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus être réduits. Ce processus de chloration constant et continu ne doit pas être confondu avec un événement ponctuel tel qu’un choc chloré. Tant que nous avons un résidu de chlore libre, l’oxydation de l’ammoniac est continue. Ce n’est que lorsque le chlore passe sous le point de rupture qu’un choc chloré est nécessaire afin de détruire le chlore lié et de revenir avant le point de rupture.
Texte: Reine Driesen