Dans l’article « La pénurie d’eau et l’évaporation », vous avez lu ce que notre secteur peut faire pour réduire la consommation d’eau dans les piscines. Cependant, les nouvelles conditions météorologiques ne provoquent pas seulement des sécheresses, mais aussi – et ce de plus en plus souvent – des périodes d’inondation. Il faut apprendre à gérer cette situation. Le problème se pose notamment lors de la construction d’une piscine ou d’un étang de baignade. Mais il est possible d’y remédier.
L’année écoulée nous a appris qu’il n’y a plus de saisons normales. Des périodes de sécheresse prolongée alternent successivement aux périodes de pluie abondante. L’hiver, en particulier, a été catastrophique, avec des semaines de précipitations dont le sol, désormais gorgé d’eau, n’a pu se débarrasser. Résultat : des inondations dans de nombreux terrains et jardins. Ainsi sur les chantiers, l’eau dépassait parfois le niveau du sol. Dans de telles conditions, il était impossible, voire irresponsable, d’entreprendre la construction d’une piscine ou d’un étang de baignade.
BIEN DRAINER, NE PAS SE CONTENTER DE POMPER !
Travailler sur un terrain trempé, c’est s’exposer à des problèmes. Non seulement pendant la construction, mais aussi pour la qualité du jardin en devenir, ce qui se manifeste surtout plus tard. L’assèchement à la source peut être une solution pour l’organisation de votre chantier, mais n’est pas sans danger pour l’environnement au sens large. Non seulement vous asséchez la zone de travail, mais vous pompez l’eau à des dizaines de mètres et vous risquez même d’assécher les plantes de vos voisins. S’il s’agit d’espèces végétales un peu plus âgées ou moins bien enracinées, vous risquez non seulement de nuire à leur croissance, mais aussi de leur porter un coup fatal. Faites particulièrement attention aux hêtres, aux cerisiers d’ornement et même aux rhododendrons qui se trouvent à proximité. Ne pompez jamais l’eau plus longtemps que nécessaire et laissez-la de préférence retourner dans la zone racinaire des plantes les plus vulnérables. Si besoin, prévoyez une structure verticale de blocage de l’eau, véritable barrière entre la zone que vous voulez assécher et la zone environnante. Certes, cela a un coût mais c’est un bien meilleur rapport qualité-prix que l’indemnité qui pourrait vous être demandée pour la mort d’un vieil arbre. N’oubliez pas non plus de suivre la procédure administrative pour l’utilisation d’un assèchement temporaire. Dans certains cas, une notification avec inscription de l’acte par le bourgmestre et les échevins locaux suffit. Dans d’autres cas – lorsque l’on pompe plus de 10 m³ par heure et/ ou que l’on rejette les eaux de drainage dans le réseau d’égouts – il faut un réel permis.
EVITEZ LES RACINES DES ARBRES
Le compactage de la zone racinaire est tout aussi dangereux pour les arbres. Le compactage du sol comprime littéralement les espaces creux. Les sols limoneux et argileux y sont particulièrement sujets. Cela provoque un compactage ou un maculage qui empêche l’eau et l’air – tout aussi important pour la croissance des plantes – de pénétrer dans le sol. Respectez donc la distance qui vous sépare des arbres et ne vous approchez pas de leurs racines. Pour ce faire, ne prenez pas le tronc comme point de référence, mais plutôt le bord de la couronne. Les racines des arbres plus grands et plus anciens dépassent généralement d’un mètre à un mètre et demi les branches extérieures. Il s’agit donc d’une zone que vous devez laisser libre de tout mouvement de va-et-vient et de manoeuvre d’engins, ainsi que d’empilement de matériaux et de terres excavées. Montrez au client que vous prenez au sérieux la protection des arbres remarquables du jardin et délimitez cette zone à l’aide d’une clôture ou de piquets.
CRÉEZ UNE VOIE DE CIRCULATION ET DE TRAVAIL
Prévenez également le compactage du sol ailleurs dans le jardin. Délimitez une zone de circulation et de travail et prévoyez même des plaques de désenlisement dans la zone où des machines lourdes sont utilisées ou lorsque ce chemin est fréquemment emprunté, voire piétiné. C’est important non seulement pour le jardin, mais aussi pour le bon fonctionnement de votre chantier. Travailler dans la boue n’est pas agréable pour le personnel, entraîne une perte de temps et une usure supplémentaire du matériel. N’oubliez pas que même sous les plaques de désenlisement, le sol reste compacté. Le simple creusement résout rarement ce problème. Le compactage est plus profond et ne peut être corrigé que par une aération. Ne le faites pas lors d’un travail de retenue des terres. Laissez la couche arable là où elle se trouve, sur le dessus, et ne la mélangez pas avec les couches plus profondes du sol. Leur structure, l’activité du sol et le confort associé pour les racines sont totalement différents. L’ameublissement à l’aide d’une dent de cultivateur est une solution possible. Si ce n’est pas possible, il faut d’abord enlever la couche de terre végétale, puis briser le sous-sol à l’aide d’une pelleteuse et le recouvrir à nouveau de terre végétale. C’est également le moment idéal pour améliorer l’infiltration de l’eau et le pouvoir tampon du sol. Améliorez les sols argileux et limoneux lourds en les sous-travaillant avec du sable ou de la perlite. Réservez le compost et la bentonite aux sols sablonneux. Les granulés de gel absorbant l’eau sont efficaces sur tous les terrains, car ils ne se contentent pas d’absorber et de libérer l’humidité. Au cours de ce processus sans cesse répété, ils créent les cavités, les trous et les passages nécessaires dans le sol, améliorant ainsi la structure du sol et permettant à l’eau de s’infiltrer en douceur.
SUPPRIMER LES FLAQUES D’EAU
Après avoir remis le jardin en ordre, il est normal que des flaques d’eau subsistent çà et là. L’eau doit retrouver son chemin dans le sol. Si la situation ne se résout pas spontanément, vous pouvez procéder à des ajustements par drainage vertical. La méthode la plus simple consiste à percer des trous à travers la couche non perméable. Vous pouvez en vérifier la profondeur à l’aide d’une sonde utilitaire à pointe acérée, de préférence avec un manomètre. Dans la plupart des cas, après la construction ou la rénovation d’une maison, d’une dépendance, d’une piscine ou d’un étang de baignade ou d’autres aménagements paysagers, la profondeur est rarement supérieure à un mètre et demi. Ne percez pas de drainage vertical dans un sol extrêmement humide. En effet, les parois du trou de forage s’en trouveraient encrassées et ne produiraient pas l’effet escompté. Introduisez dans l’ouverture un tube de drainage enveloppé (haut et bas fermés) de tissu filtrant, de géotextile ou de coco et recouvrez à nouveau de terre. Le remplissage du tube avec du gravier lavé, des billes de lave, des cailloux ou du sable drainant permet d’obtenir de meilleurs résultats. Leur utilisation pour remplir le trou sans tube de drainage n’a qu’un effet temporaire. Les ouvertures qui permettent le drainage sont rapidement obstruées par la terre qui s’infiltre. Ce qu’il est possible de faire, mais qui risque de susciter l’étonnement de votre client, c’est d’enfoncer dans le trou des branches d’élagage en fagot. Que ces branches se compostent n’est pas grave. Le compost n’empêche pas l’eau de couler et, avec le temps, il crée même des couloirs de drainage permanents. Si cette méthode de drainage vertical n’est pas possible ou inappropriée, il convient de faire « éclater » le sol par une méthode d’injection telle que le plopping ou le drainjet. Les arboriculteurs, en particulier, connaissent bien ce système. Ils l’appliquent souvent pour améliorer les conditions de croissance des arbres adultes. Cependant, il se prête tout aussi bien à l’élimination des flaques d’eau stagnantes dans un jardin. Cette technique consiste à enfoncer une aiguille dans le sol en utilisant de l’eau ou de l’air comprimé pour forcer le sol, y compris la couche d’imperméabilisation, à permettre la formation de veines dans toutes les directions possibles, généralement jusqu’à une profondeur d’environ trois mètres. Souvent, ces veines sont remplies de granulés poreux, toujours par la méthode d’injection, afin de garantir leur effet drainant le plus longtemps possible.
Texte et photographie: Marc Verachtert