Une végétation saine dans l’espace bien-être

Plus de verdure à l’intérieur. Voilà une tendance en provenance d’Angleterre et des États-Unis qui ne peut plus être ignorée au Benelux. On la retrouve dans les immeubles résidentiels et commerciaux, mais aussi dans le domaine des soins de santé. Cela n’a rien d’étrange, car les plantes sont bonnes pour la santé et procurent un sentiment de bien-être. L’idéal, donc, pour une utilisation dans le monde du wellness ! Nous nous sommes entretenus avec la décoratrice d’intérieur Lianne Bongers au sujet de sa spécialité : la conception de projets inspirés de la nature.

LES PLANTES D’INTÉRIEUR SONT TENDANCE

Dans les villes, de plus en plus de jungles urbaines font leur apparition, car les
gens se sentent bien dans des intérieurs remplis de végétation. Dans les hôpitaux,
la consommation de médicaments diminue considérablement lorsque les patients ont vue sur un coin de nature, plutôt que sur un mur en béton. Et les entreprises qui végétalisent leurs bureaux voient diminuer l’absentéisme de leurs collaborateurs. Bref, la végétation d’intérieur est tendance. Lianne Bongers, de Studio Lime à Eindhoven, en sait quelque chose.

Elle s’est spécialisée dans le design biophilique, qui consiste à intégrer la nature dans la décoration intérieure. Pour ce faire, elle procède de deux manières. Tout d’abord, en faisant littéralement entrer la nature à l’intérieur. Par exemple, en installant un mur végétal, plein de Philodendrons, de Scindapsus ou de Clusias dans le hall d’un centre de bien-être. Ou encore en simulant un environnement naturel, en créant une vue panoramique végétale pour donner l’impression d’être assis à l’extérieur. « Le but est de restaurer le lien qui nous unit, nous les humains, à la nature », explique-t-elle.

« Ce lien s’est détérioré au fil du temps, à mesure que nous nous sommes déplacés dans des environnements urbanisés et que la technologie est entrée dans nos vies. » C’est pourquoi Lianne Bongers utilise l’eau, la lumière du jour, les matériaux naturels et… beaucoup de végétation dans ses concepts.

DES EFFETS TOUT À FAIT BÉNÉFIQUES
L’utilisation de matériaux naturels est déjà monnaie courante lors de la conception et de l’aménagement des centres de bien-être. Pensez notamment aux cascades, feux de bois, cristaux de sel et douches à effet de pluie. En revanche, l’utilisation à profusion de végétation naturelle à l’intérieur est relativement nouvelle. Or, s’il est une chose qui a bien sa place dans un secteur qui privilégie le bien-être de ses hôtes, ce sont bien les plantes dont les effets bénéfiques sur le corps et l’esprit ne sont plus à démontrer. Bongers : « Les plantes purifient l’air, font baisser la tension artérielle et réduisent le stress. Elles améliorent en outre l’humeur, les fonctions cognitives et augmentent la productivité et la créativité. Bref, la végétation détend, donne de l’énergie et augmente le sentiment général de bien-être. La nature a un énorme pouvoir réparateur dont l’être humain stressé peut bénéficier. Bon nombre de clients choisissent ainsi inconsciemment de s’attarder dans un intérieur verdoyant. » Bongers fait référence à une étude menée autour d’un centre commercial où, après l’installation de plantes et d’autres éléments naturels, les dépenses ont augmenté de 1,3%. L’effet pourrait être identique en misant sur la présence (accrue) de plantes dans la partie restaurant de votre espace bien-être.

LUMIÈRE ET ENTRETIEN
Si vous envisagez de végétaliser votre espace bien-être, une bonne préparation est essentielle. Les plantes sont une matière vivante, donc si vous faites de mauvais choix ou si vous ne prenez pas bien soin de votre végétation, vous en subirez les frais sans tirer parti de ses effets bénéfiques. Jos van der Hulst, qui travaille chez ‘De Klerk bloemsierkunst en interieurbeplanting à Veldhoven’ et avec qui Lianne Bongers apprécie de collaborer : « Les plantes ont besoin de lumière et d’un bon entretien. Bien entretenir des plantes consiste non seulement à les arroser, mais aussi, par exemple, à les tailler, à leur administrer de l’engrais, à les tourner et à
les dépoussiérer. » Les possibilités d’aménagement ne manquent pas pour quiconque est disposé à le faire. Songez, par exemple, à installer des fougères autour d’une cascade dans votre mur, une oasis végétale dans une grotte jouxtant la piscine ou un palmier à queue de poisson pour attirer le regard dans un endroit bien en vue. Les questions à se poser dès le départ sont les suivantes : y a-t-il de la place pour que la végétation puisse continuer à pousser et quelles sont les conditions à l’endroit visé (quantité de lumière, humidité, etc.) ? Les deux questions – ou plutôt les réponses à ces questions – sont importantes pour le choix des plantes. La quantité de lumière nécessaire diffère selon les espèces végétales. Certaines se développent parfaitement avec très peu de lumière, tandis que d’autres doivent être exposées en pleine lumière. Le besoin de lumière signifie-t-il nécessairement qu’il est impossible de faire pousser une végétation intérieure dans une pièce sombre ? Non. Avec une lampe offrant un éclairage naturel, vous pouvez suppléer l’éclairage ambiant. van der Hulst : « Il est essentiel d’imiter la manière dont une plante pousse dans la nature. Il existe des plantes d’ombre qui aiment s’abriter sous de grands arbres et qui ont besoin de peu de lumière.

Il y a aussi des plantes tape-à-l’œil qui ont besoin d’énormément de lumière. Et tout ce qui se trouve entre les deux… »

Les plantes sont vivantes, elles perdent donc aussi leurs feuilles. Elles requièrent de l’at- tention et des soins de la part de vos colla- borateurs. Vous pouvez parer à une partie de l’entretien en concluant un contrat d’entretien, de préférence avec la société qui réalise la plantation intérieure. Parfois, la végétation est même encore plus belle quelques années après la réalisation du projet ! Si vous voulez vous faciliter la tâche, les plantes artificielles en plastique ou en soie sont également une option. Fait intéressant : pour bon nombre des effets bénéfiques mentionnés, opter pour de la végétation vivante ou artificielle ne fait aucune différence. Vos hôtes n’auront ainsi pas nécessairement besoin de sortir pour prendre un ‘bain de forêt’. Le fait de se détendre dans une pièce dont le mur est recouvert d’un papier peint forestier a également un effet apaisant.

COMMENT FAIRE UNE RÉELLE DIFFÉRENCE

Bien entendu, il est possible de placer des jardinières verdoyantes dans un espace wellness existant afin d’accroître la sensation de bien-être. Mais les plantes sont encore mieux mises en valeur lorsqu’elles sont intégrées dès les plans de construction.

« Le mieux, c’est quand la végétation fait partie du projet », explique Bongers. « On peut alors faire sortir des plantes du sol, par exemple, et les laisser pousser le long des escaliers. Ou mettre en œuvre d’autres chouettes idées qui feront vraiment la différence. » La créativité d’un architecte d’intérieur peut vraiment apporter une valeur ajoutée appréciable. « Les entrepreneurs savent souvent quelle orientation ils veulent donner à leur entreprise, mais pas toujours comment l’exprimer dans leur intérieur.

En tant que designer, j’ai la capacité d’é- laborer un concept adapté à l’histoire que l’intérieur est supposé raconter. Il me vient une inspiration qui correspond à l’identité de l’entreprise », affirme Lianne Bongers. L’élaboration d’un tel concept peut d’ailleurs aller bien au-delà de la végétalisation de votre espace bien-être. L’histoire de votre entreprise devient alors le point de départ auquel se raccrochent d’autres éléments. Du routage au choix des plats dans le restaurant, en passant par l’intérieur et la conception graphique de vos communications.

LE DESIGN BIOPHILIQUE REPRÉSENTE L’AVENIR
Il est difficile de dire combien d’investissements la végétalisation de votre espace bien-être nécessitera. Bien entendu, cela dépend entièrement de vos desiderata, des possibilités et des objectifs que vous vous fixez. Un élément utile à prendre en considération : les plantes artificielles sont environ 20 à 40% plus chères que la végétation naturelle à l’achat. Tout comme les plantes vivantes, les plantes artificielles doivent être dépoussiérées. Il faudra aussi penser à les (faire) remettre en forme une ou deux fois par an, mais sinon elles ne nécessitent aucun entretien. Si vous optez pour le design biophilique au sens large – en incluant par exemple aussi l’acoustique et l’ambiance intérieure dans vos plans en plus de la végétation –, l’investissement sera évidemment plus important, mais il en vaut vraiment la peine. Car en plus de végétaliser votre espace bien-être, ce sont également d’excellents moyens d’améliorer la sensation de bien-être de vos invités à l’aide d’éléments naturels.

Bongers en est convaincue : « Le design biophilique n’est pas une tendance passagère, mais bien l’avenir du design. »

Plus d’info :
www.studiolime.nl
www.de-klerk.nl

Texte : Janneke Sinot